mardi 29 novembre 2011

De l'autre côté du pont

L'hiver est arrivé, il fait froid, et ces Américains ne savent faire qu'une dinde farcie pour fêter ça.
Ils n'ont pas la bière ambrée bio salement traître de ce petit bar tranquille où l'on a passé en revue nombre de spécimens de la gent masculine avec les copines, alors les soirées fraîches passées au chaud n'ont pas la même saveur.
Elles n'ont pas l'amertume ni le pétillant du pichet qui se vide invariablement, tandis que disparaissent les petits bouts de fromages de la région - les tapas et sangria revus et corrigés par des Lyonnais.
Elles n'ont pas la couleur de nos paroles, que ce soit les nuances floues de l'expression d'un engagement politique rendu vague par l'alcool, le rose de nos vies parallèles avec les garçons et/ou filles de nos rêves, la pâleur de nos doutes quand à notre futur plus ou moins proche, ou le rouge vif de nos émois face à cette société décidément hétérogenrée et patriarcale...
Elles n'ont pas le confort des chaises en bois usé, puis des vélo'v au milieu des routes désertes au milieu de la nuit, puis des canapés éternellement moches de l'appartement où l'on persiste et signe à coups de nouvelles discussions interminables, tisane ou fleur d'oranger à l'appui.
Bienvenue à l'ombre des jeunes femmes au bord de la crise de nerfs... Des fleurs, pas vraiment, sauf dans les mots, un flot gentiment éthéré de paroles, littéraires, certes, mais pas dénuées de verve, la bière déliant les langues plus facilement qu'une dissertation de six heures sur une question de la plus haute importance dans une obscure oeuvre péniblement fichée durant des mois.
Rien de tout cela dans ma partie du monde. Il y a bien d'autres choses, évidemment, mais parfois il y manque l'essentiel.
Alors rendez-vous là où l'on refait les possibles mieux qu'ailleurs, là où sont les belles personnes, là où tout se nimbe d'une brume exquise, là où tout s'esquisse en un flou artistique, rendez-vous de l'autre côté du pont.

1 commentaire:

  1. la fleur d'oranger t'attend. elle est désormais rue de Créqui, à quelques centaines de mètres à peine de ce petit bar, ou désormais, moi aussi j'ai un peu élu domicile. je t'embrasse. courage.

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