mardi 17 avril 2012

Petits bonheurs littéraires intempestifs

Je viens de reposer Touriste sur mon lit, un récit écrit par Julien Blanc-Gras, voyageur invétéré qui nourrit depuis l'enfance une passion obsessionnelle quelque peu inquiétante pour les cartes, et la géographie en général.
Plutôt que de faire un long discours, je laisse parler le narrateur, qui m'a fait éclater de rire plus d'une fois. Je ne sais pas si c'est parce que c'est le premier livre que je lis en français depuis environ cinq mille ans ou si c'est parce que vraiment c'est très drôle, je crois que c'est un peu des deux. On appréciera le style simple, sans chichi, et l'enthousiasme tour à tour enfantin et éclairé de ce journaliste baroudeur.

Le passage se situe lors d'une expédition scientifique au Mozambique que l'auteur suit pour réaliser un reportage. Il est accompagné de deux scientifiques. Ils se trouvent au bord d'un fleuve. De l'autre côté, c'est la Tanzanie, et l'auteur, comme un gamin qui n'arrive pas à attraper des bonbons sur un rayonnage trop haut, veut y aller, mais voilà, il y a des crocodiles. Tant pis, à défaut, il va rencontrer d'autres animaux:

"La situation est dramatique. J'ai un nouveau pays sous les yeux, là, à cent mètres. Et une poignée de sauriens sournois m'empêche d'y accéder. La frustration est telle que je dois consulter mon atlas de poche pour renifler quelques cartes. Leur contact m'apaise dans les moments difficiles.
Mark surgit à pas pressés:
   - J'ai trouvé les hippos.
   - Mais je croyais qu'ils étaient cons.
   - Ne sois pas si catégorique.
   - C'est bien le mammifère le plus meurtrier d'Afrique, non?
   - Oui, mais là ils sont dans l'eau.
L'hippopotame mouillé n'est pas dangereux. En revanche, il faut éviter de se trouver sur son chemin à terre. Quand il charge, il n'est plus temps de réfléchir aux grands écarts de l'existence. Un hippopotame court aussi vite qu'Usain Bolt et pèse trente fois plus. On peut dire que ce sont de gros ongulés."

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