mercredi 8 février 2012

Etre ou ne pas être... une groupie.

Bonjour/soir tout le monde,
Je suis un peu malade parce que je fais plein de choses et je ne dors pas assez, alors ce soir, hop! dodo. Je pense que ça va passer vite de toutes façons, vu que globalement je suis en forme.
A ce sujet, je découvre régulièrement de nouveaux muscles: après les fossettes dans les omoplates (oui oui oui), j'ai remarqué qu'on voyait mes abdos A TRAVERS mon T-shirt. Et ça, c'est trop la classe. (Vas-y Rocky, ramène-toi un peu à Berkeley, qu'on rigole niark niark niark).
Et sinon, aussi, je fais officiellement partie de l'équipe parce que Jewel m'a donné un T-shirt et un short avec marqué "Cal Boxing" dessus, c'est trop cool, je suis trop contente, et en plus du coup j'ai pas été obligée de laver mes affaires tout de suite. (Mais je l'ai fait le lendemain quand même.)
Et aussi, j'aide les débutants qui commencent les cours de boxe, notamment trois filles, qui sont toutes menues et hyper-inquiètes de leur absence de muscles. Alors je leur dit que c'est pas grave et que les mecs, de toutes façons, ils s'entraînent pas aussi consciencieusement que les filles tellement ils sont sûrs d'être les rois du monde. Faut voir ce type qui se prend pour Mohammed Ali et qui finit littéralement avec la gueule en sang dès qu'il pose un pied sur le ring. Il y a quelque chose de pathétique à voir les conséquences très douloureuses que peuvent avoir un excès de confiance en soi (assez typiquement masculin, d'ailleurs). Etant boxeuSE, je sais que jamais je n'aurai autant d'aplomb que lui par rapport à mon niveau. On aura beau me faire tous les compliments du monde, un combat sera toujours un moment de sévère remise en question, même s'il est victorieux. Je suis contente que pour une fois, les femmes soient favorisées par l'infériorité avec laquelle elles partent (que ce soit une force moindre ou un manque de confiance, très souvent les deux).
Bref, revenons aux jeunes filles: toutes souriantes et complètement à la ramasse question coordination, bref comme moi en août, elles ont toutes exprimé leur joie de pouvoir apprendre avec une fille - et je les comprends, même si séparer les deux sexes complètement à l'entraînement est une aberration pédagogique majeure. Cela dit, c'est sympa d'avoir quelqu'UNE pour confirmer que oui, si ta défense est bonne, ça sous-entend que ta poitrine est compressée entre tes deux bras comme quand à douze ans t'essayes d'imaginer ce que c'est un vrai décolleté. Bref, on rigole bien et j'espère qu'elles prendront goût à ce sport, qui est impressionnant pour les filles, surtout quand elles sont assez jeunes/immatures et pas très aware question féminisme (oui, lire des écrits qui décodent les relations hommes-femmes aident à gérer la confrontation sur le ring, c'est clair). La boxe peut se révéler être un moyen très efficace de prendre confiance en soi et aussi de voir que les hommes ne sont pas imbattables physiquement - en plus de constater que ceux qui ne savent pas ravaler leur fierté ne deviennent jamais de vrais boxeurs.

Alors en fin d'aprem, je débarque dans le sous-sol pour m'entraîner avec une copine (un poids super-plume, je ne sais pas comment elle frappe aussi fort), on commence, et puis tous les débutants (25 personnes environ, dont ces trois filles sus-mentionnées) arrivent dans la salle où l'on est, le coach voulant leur montrer à quoi ça ressemble vraiment, deux types qui se battent sur le ring. Je vois les filles, souris, contente de les voir toutes ensembles (à oui parce que commencer seule aussi, c'est quelque chose, heureusement que Caitlin était avec moi au premier semestre!!), je dis bonjour, et là grands sourires, "Hi Ann-Lyyyyys!" (accent sur la deuxième syllabe oblige) en mode GROUPIE complet. Vous voyez ces mangas où pour signifier l'admiration totale, les dessinateurs mettent un filet de bave au coin de la bouche agrandie en un sourire béat et remplacent les yeux par des étoiles ou des trucs du genre? Bah c'était ça. Ca m'a fait un peu peur (vous me connaissez, je suis pas du genre à répondre "oh salut, ça va? il est trop cool ton mini-short rose, je kiffe"), et à côté, les 22 types étaient tous en train de se demander ce qu'elles avaient.
Observez bien ces yeux légèrement saillants, tels ceux de Marion Cotillard quand elle joue (mal) celle qui réfléchit.
Bon j'ai pas trouvé d'illustration correcte, donc ce dessin n'a rien à voir, mais j'aime beaucoup le chat. En fait, c'est un peu la tête que j'ai fait (c'est globalement mon expression quand je suis prise de court par des démonstrations d'affection excessives soudaines) quand je me suis rendue compte de leur groupitude (j'ai dû passer un quart d'heure avec elles, à leur répéter ce que Jason disait, alors je pensais pas être une telle source d'inspiration). Puis je me suis dit, bah, elles sont jeunes, et puis elles ont pas vu Jewel ou Crystal sur le ring (qui sont genre euh... VACHEMENT meilleures que moi, entre autres). Ca me gêne parce que c'est un peu injustifié, tout ça, et en même temps je comprends qu'elles aient besoin d'un modèle féminin fort dans un sport pareil. Il est temps que Nessa revienne, parce que j'ai pas trop envie d'assumer ce statut, d'autant que je ne le mérite pas vraiment. (genre la fille qui a pas cours donc qui peut s'entraîner quand elle veut, à côté de, au hasard, Jewel, jeune femme Afro-Américaine qui a une bourse pour ses études et dont les deux parents sont décédés genre y a super longtemps, ce qui en impose quand même un peu plus... c'est mon modèle à moi, je suppose...).

Bref, je réfléchissais à ce moment tout à l'heure en prenant dans ma pile de bouquins récemment empruntés à la bibli (ah oui je vous raconterai la bibli aussi, c'était génial - je précise, la bibli de Berkeley, c'est un peu genre le Louvre, faut aller plusieurs fois pour connaître toutes les salles). J'ouvre celui d'Ellroy, My Dark Places (Ma part d'ombre, son premier volume de mémoires), religieusement, je regarde la première page, puis la seconde et là:

OH MON DIEU, UNE DEDICACE! 

Une envie furieuse de trépigner me prend, la bave pend à mes lèvres face à un J et trois coups de stylo qui ressemblent à un E vu par Jackson Pollock bourré qui ferme les yeux devant sa toile.

Je repense aux filles de la boxe, j'imagine la tête d'Ellroy s'il me voyait perchée aussi haut dans NunucheLand et je me marre.

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